

1985 – 1987 Espaces
François Ruegg regarde le monde qui l’entoure avec acuité et gourmandise. Les signaux urbains, les couleurs vives, composent un vocabulaire formel qu’il transpose sur ses pièces. Il ne s’agit pas seulement d’un argument décoratif, ce choix relève d’une attitude de vie, curieuse, sou- vent amusée, stimulée par les codes graphiques de la modernité et les évolutions technologiques. Le cosmos aussi l’inspire, jusqu’à figurer des anneaux de Saturne en orbite autour de sphères noires. Des Capteurs tendent l’oreille vers des sons venus de l’espace. Un trait d’humour nous ramène sur terre avec quelques Running Objects qui cherchent manifestement à fuir la rationalité.Une telle disposition d’esprit ne conduit pas à se conformer aux usages établis. Les alliances entre la porcelaine et le plexiglas ou le métal coloré ne font guère partie de la tradition céramique. Son usage même de la porcelaine est assez atypique : il l’apprécie pour son aspect mat, sa sécheresse de feuille blanche réceptive aux aplats de couleurs franches, aux contrastes affirmés. La norme de l’époque est celle des terres charnues, des coulures d’émaux moelleux. Une approche aussi inhabituelle génère alors de l’étonnement, parfois une certaine incompréhension, mais suscite également l’intérêt.
Extrait du catalogue p. 91 par Suzanne Rivier